Livraisons d`armes à la Gérorgie
La blonde à la célèbre tresse avait été retardée jeudi à son départ de l`aéroport de Kiev car le président ukrainien Viktor Iouchtchenko avait réquisitionné au dernier moment son avion. Le chef de l`État, en partance pour la province, venait de faire demi-tour avec son propre appareil, contraint à un atterrissage d`urgence en raison de `problèmes techniques`. Ioulia Timochenko a ainsi dû affréter un jet privé. Cette péripétie est la dernière de la crise ouverte qui oppose les deux principales figures de la `coalition orange`, désormais rivales dans la perspective de la présidentielle de 2010. Le parti du président, Notre Ukraine, a quitté la coalition pro-occidentale le mois dernier, notamment pour protester contre l`attitude ambiguë de Ioulia Timochenko sur la crise géorgienne. L`animosité personnelle entre `la dame de fer` et l`homme au visage grêlé par son empoisonnement à la dioxine de 2004, qu`il attribue aux Russes, se double en effet d`un différend stratégique. Iouchtchenko est partisan de l`adhésion de son pays à l`Otan, alors que sa rivale se retranche derrière l`opinion publique, profondément divisée sur le sujet. Le chef de l`État a soutenu sans réserve son ami le président géorgien Saakachvili (il est le parrain de l`un de ses enfants) dans la guerre d`Ossétie. Ioulia Timochenko s`est montrée beaucoup plus réservée.Sur ce chapitre, mercredi, veille de sa visite à Moscou, le premier ministre ukrainien a dénoncé des ventes d`armes illégales à la Géorgie, supervisées selon elle directement par la présidence. Selon des documents évoqués par Ioulia Timochenko qui se sont notamment retrouvés dans le quotidien russe Izvestia, l`Ukraine a livré à la Géorgie des systèmes de missiles sol-air Bouk-1 qui ont abattu des avions russes en août. En accueillant son homologue ukrainienne jeudi, Vladimir Poutine a enfoncé un coin dans la `coalition orange` en estimant qu`il n`y a pas de `crime plus grave que les livraisons d`armes dans la zone du conflit`.Pour l`électeur ukrainien, qui ne sait toujours pas s`il sera de nouveau convoqué aux urnes, c`est à y perdre son sens civique. Car tout en accusant son président de trafic d`armes, le bouillonnant premier ministre ukrainien a déclaré mercredi vouloir tout faire pour maintenir la `coalition orange` et éviter une dissolution du Parlement, quitte à accepter les `ultimatums` de son rival.
02/10/2008 ` Mise à jour : 22:50 `Le Figaro